Les freins à notre créativité (2ème partie): comment les déjouer?
La créativité serait-elle un talent
réservé à certains et qui ferait défaut à d’autres ? Malgré la difficulté
à définir la créativité, il y a un large consensus sur le fait qu’ « être
créatif, c'est établir de nouvelles relations entre les choses ou les idées,
c'est décomposer et recomposer autrement »[i].
Ken Robinson, pédagogue et écrivain,
affirme que «la créativité n’a rien à voir avec les gènes. La créativité
est une méthode. On apprend à être créatif comme on apprend à lire »[ii].
Une super bonne nouvelle, donc ! Il
n’est jamais trop tard ni pour apprendre à être créatifs ni pour développer notre
créativité !
Dans un article précédent, j’expliquais comment
bien souvent, malgré notre motivation, nos freins psychologiques, sociaux, culturels,
etc, peuvent nous bloquer ou du moins, rendre difficile le processus créatif. Dans
cet article, je vais partager avec vous certaines considérations, prises de
conscience et techniques afin de déjouer ces freins et dépasser nos blocages.
Bien sûr, la créativité, qu’elle soit une aptitude ou un processus, ne concerne
pas seulement l’art même si, étant artiste et professeur d’art, c’est ce
domaine spécifique que je traite dans mes articles.
Ne tournons pas autour du pot : remettre en question
nos freins intérieurs ébranle certains fondements de nos mécanismes
psychologiques. Dans certains cas, l’accompagnement d’un professionnel
(psychologue, psychothérapeute) peut s’avérer nécessaire ou à tout le moins
souhaité. Un accompagnement de type « coaching » peut être également utile
à certain.e.s et/ou dans certains cas.
Pour la plupart d’entre nous cependant, il va surtout
s’agir de désapprendre et de détricoter tout le tissage psychologique, culturel
et social que nous avons intégré depuis l’enfance et par lequel nous avons
enfoui, voire oublié notre créativité.
Nos
croyances
Pour retrouver notre créativité, il va falloir reconsidérer
nombre de nos croyances. Celles qui nous portent sont les bienvenues ;
celles qui nous limitent peuvent et doivent être transformées si nous voulons
sortir d’une situation de stagnation créative.
Je propose donc une auto-analyse de ces petites phrases qui
tournent dans notre tête et qui nous découragent, voire nous paralysent.
Qu’est-ce que cette petite voix vous dit ? Comment arrive-t-elle à vous
faire croire que vous n’avez pas le talent/l’énergie/les compétences/ etc, qu’
« il faut avoir » ?
Quelques exemples ? En voici quelques-uns dont je
me suis défait ou que j’ai entendus lors de mes cours :
« Je suis trop vieux/vieille pour être créatif.ve »
« Si j’étais un deuxième Picasso, ça se saurait
déjà ».
« Le talent, c’est inné, c’est un don. Je n’ai pas de
talent ».
« Si j’avais été dans un système éducatif différent,
j’aurais pu avoir du talent ».
« J’ai déjà essayé et je n’y arrive pas. Ce que j’ai
fait avant n’était pas beau ».
« Mes créations ne plaisent pas. Je suis
nul/le ».
Etc, etc.
Toutes ces croyances tendent à nous maintenir dans une attitude
de dépendance créative : vis-à-vis de la société, de Dieu ou des gènes, du
temps, etc., alors que la créativité n’a rien à voir avec ce qui est à
l’extérieur de nous-mêmes. Elle ne dépend que de notre motivation, de notre
enthousiasme, de notre assiduité (je n’ai pas dit non plus que ça tombe du ciel
!). En effet, là aussi, c’est un leurre de penser que le chef d’œuvre apparaît
par magie – il y a derrière beaucoup de travail de réflexion, de pratique, de
recherche, etc.
Bien sûr, la créativité aussi s’apprend, s’améliore, se
développe ! Il y a des techniques pour cela ! Cependant, il est
inutile de les connaître si nous sommes freiné.e.s avant même de les mettre en
pratique.
Donc, une chose à la fois : je vous propose tout
d’abord de noter ces petites phrases que nous avons assumées comme étant « la
vérité » à notre propos. Notons également s’il nous semble qu’elles
proviennent de déductions personnelles ou de quelqu’un d’autre. Ensuite,
vérifions si elles tiennent vraiment debout lorsqu’on les analyse de manière
plus détachée. Vous verrez que la plupart n’ont pas été réellement éprouvées et
que même celles qui se basent sur nos propres expériences sont très
subjectives.
Lorsque nous comprenons que ces phrases limitantes ne
reflètent pas la vérité mais une opinion, nous pouvons les transformer en
phrases porteuses de valeurs qui nous correspondent.
Envie d’être aidé.e à ce sujet ? N’hésitez pas en
discuter avec des personnes bienveillantes, qu’il s’agisse de
professionnel.le.s (coach, psy, etc) ou de particuliers. A ce sujet, attention
à ne pas vous référer à celles et ceux qui pourraient entretenir, voire même qui
pourraient être à l’origine de ce genre de croyances limitantes (par exemple des
parents ou des professeurs qui auraient toujours dit à l’enfant qu’il ou elle
n’était bon.ne à rien…). Si vous le souhaitez également, n’hésitez pas à poster
un commentaire et à partager vos réflexions.
Dans les prochains posts, je donnerai quelques trucs et
astuces pour apprivoiser la peur, des réflexions sur l’enseignement et
l’enseignement artistique en particulier, sur les techniques qui nous
permettent d’entraîner notre créativité afin de la développer, etc. A
bientôt !
[i]
Comment peut-on développer la créativité des élèves à travers les
compositions plastiques ? Mémoire PE2 d’Émilie GAMIN, Directeur de
mémoire: Madame DELACROIX, IUFM DE BOURGOGNE, Centre de Dijon, 2006
[ii]
Article – interview (en espagnol) par Lluis Amiguet publiée à La Vanguardia, le
3/11/2010.
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